Le cercle des amis d’Adler

La Société Française de Psychanalyse Adlérienne est l’une des plus anciennes sociétés savantes analytiques de France. Elle a vu le jour en 1926 sous le nom de Cercle des amis d’Adler. Elle s’est organisée autour du jeune Schaffer (1909-1978), élève direct d’Adler de 1926 à 1937 et de jeunes étudiants de médecine, de philosophie, de psychologues et maîtres d’école.
A ce noyau originel viendront s’adjoindre dès 1936, des psychanalystes, médecins et psychopédagogues d’Europe centrale chassés par la montée du nazisme en raison de leurs origines juives, de leurs « idées politiques » : O. Brachfeld, Mme S. Lazarsfeld, P. Plottke, A. Neuer et Schlesinger, Manès Sperber, E. Wexberg…. Amis proches ou élèves d’Adler, plus qu’un simple groupe de lecture, le cercle devient un lieu de formation de ces jeunes, spécialement assuré par Alexander Neuer et Paul Plottke.

La clandestinité, édition de « courage »

Certains resteront en France, beaucoup disparaitront dans les camps, d’autres partiront dès que la guerre semblera inéluctable et émigreront vers les Etats Unis. C’est une période riche d’idées et de travaux pratiques autour d’un journal « Courage », quelques pages dactylographiées fondées clandestinement en plein maquis par Plottke et qui verront rapidement leur suspension à cause des risques encourus pendant le conflit et reprendront en 1945 jusqu’au départ des derniers réfugiés pour les Amériques.

L’après-guerre, l’Ecole Française de Psychologie Adlérienne 1ère génération post-Adler

En 1946, une nouvelle société voit le jour, « Ecole française de Psychologie Adlérienne » avec Herbert Schaffer, Président. En remplacement du Cercle des amis d’Adler, signifiant la sortie de la clandestinité et la participation pleine et entière au développement de la psychologie des profondeurs. Malgré la disparition de nombreux adlériens, la vie intellectuelle reprend son cours.
Les adlériens sont à l’origine de la création des consultations psychopédagogiques dès 1936, mais l’initiative des CMPP (Centre Médico Psycho Pédagogique) sous leurs formes actuelles appartient à Wallon ; Adler, dès 1916 à Vienne travaillait dans les jardins d’enfants et auprès des instituteurs.
C’est à des psychopédagogues adlériennes, le « Groupe de femmes », que l’on doit, sous l’impulsion.de S. Lazarsfeld, la première mouture de « L’école des parents et des éducateurs ». A. Neuer animera l’un des premiers clubs de femmes, nourri des positions d’Adler sur le sort des femmes dans notre société, refus d’un rôle secondaire et de la domination, à entendre comme le « Deuxième Sexe ».
Adler participe au développement de la médecine psychosomatique, il développe le concept de « jargon des organes », signifiant les troubles névrotiques utilisant le corps comme unique lieu d’expression du symptôme.
Mme M. Degh, travaillera en collaboration avec les pionniers de la recherche en psychomotricité en France, disciple de Rudolf Steiner et du Pr. Heuyer, puis aux côtés du professeur Duché, elle sera l’une des promotrices d’un enseignement de la psychomotricité et de la création du corps des rééducateurs en psychomotricité.

Période des coopérations

Renforcée par un esprit de grande collaboration, particulièrement à partir de 1953 avec la création de la société Jungienne, des sociétaires membres du triptyque originel animent des réseaux de partage à la culture de l’inconscient et participent à l’enseignement des méthodes, à leur confrontation pratique, s’immisçant dans la Culture sous toutes ses formes: théâtre, peinture, cinéma, littérature…
A partir de 1962, notre école en plus de son enseignement en Faculté de Médecine, participe en Sorbonne à l’enseignement post universitaire d’une initiation à la psychothérapie d’Adler, pour les jeunes psychiatres et psychologues. Enseignement initié par André Virel et Herbert Schaffer, en collaboration avec des Freudiens et des Jungiens. Le principe simple mais efficace, traiter du même sujet et confronter le point de vue des trois écoles sans compétition ni esprit de chapelle, laissant le plus souvent ce qui en réalité les rendent complémentaires.

Congrès international de psychologie individuelle

1963, la Mutualité de Paris accueille le congrès de la Société Internationale de Psychologie Individuelle, sous la présidence de Alexandra Adler
A la suite en 1965,  A. Virel et H. Schaffer, créent le Syndicat National des Psychothérapeutes  et dans le même temps  l’Institut de Psychothérapie ( L’Arbre vert), premier institut pluridisciplinaire de formation à la psychothérapie en France qui associera les différentes approches contemporaines du psychisme, qu’elles soient freudiennes, jungiennes, adlériennes ou issue de la pratique de l’imagerie mentale onirique, sans négliger pour autant les spécialistes du symbolisme, de l’Histoire des religions, des Mythologies, de l’Anthropologie, de la Psychophysiologie ou de la Poétique. Les arts aussi y sont représentés.

Société Française de psychologie Adlérienne

1970 « L’Ecole Française de Psychologie Adlérienne » devient « Société Française de Psychologie Adlérienne » et participe à la refonte de la « Société Internationale pour la Psychologie d’Adler » et devient cocréatrice de l’« International Association of Individual Psychologie (I.A.I.P), plus structurée. Dès lors, elle se porte garante de la pensée d’Alfred Adler en France et est, officiellement habilitée à la diffusion de l’enseignement et de la pratique adlérienne, elle veille au respect et au bon développement de la méthode. Elle initie la recherche conceptuelle

Société Française de Psychanalyse Adlérienne 2ème génération post-Adler

En 1978, la SFPA jusque-là, cantonné à Paris, se développe en province sous forme de cercles, : Paris, Lyon, Senlis, Nevers, Rennes ; mais cela n’empêchera pas la perte de son influence telle qu’elle fut de 1936 à 1978, les années qui suivent correspondant surtout à la disparition des grandes figures. Sous la présidence de François Compan, se développe un pôle de formation portant sur la recherche clinique psychopathologique et sur la pratique clinique. Il est soutenu dans sa démarche par Georges Mormin, directeur de la formation, R. Viguier pour la recherche, Philippe Fuguet, Jeanne Luquet, François Compan coordinateur de la correspondance des cercles et de l’animation locale autour de la méthode Adlérienne.
L’Oise et le Nivernais deviennent instituts.1987, l’IAIP au congrès de Münster donne la direction de la formation clinique et des éclairage sur certain concepts dont la traduction dans d’autres langues prête à confusion tel que le « Gemeinschaftsgefühl » ; ce concept tel que dans l’esprit d’Adler ne trouve pas d’équivalent quelque puisse être la langue.
En 1994, la SFPA s’enrichit d’un pôle régional par la création de « l’Institut sud-ouest » (G. Mormin, formé par A. Meyer) qui donne naissance à « l’Université d’été » (Anne-Marie Mormin Mathis) rebaptisée « Université Jeanne Luquet » en hommage à notre amie psychopédagogue, trop tôt décédée, qui avait œuvrée auprès d’enfants sourds et nous avait livrés de brillantes monographies.
1999, Présidence assurée par Bernard Paulmier qui privilégiera le développement de la formation des psychopédagogues en imposant le cursus quasi équivalant aux cursus des cliniciens, Lionel Nadaud renforce la communication et Georges Mormin développe le programme de formation et le code de déontologie.
En 2004, Serge Kutek Président en exercice, encouragé par son conseil d’administration, réaffirmera l’orientation psychanalytique et la source de l’Adlérisme dans la psychologie des profondeurs, en rebaptisant la Société Française de psychologie Adlérienne en Société Française de Psychanalyse Adlérienne.

Congrès international

La SFPA organise et accueille, en 2014, sous la présidence de Georges Mormin le 22ème congrès international.
La SFPA devient une fédération nationale avec trois instituts : Société Française de Psychanalyse – Institut Sud-Ouest (Angoulême), un institut francilien Le Centre Alfred Adler de Paris et l’Institut des Hauts-de-France à Arras,

3ème génération, Mieux Former pour mieux Transmettre

Sous la présidence de Anne-Marie Mormin Mathis s’appliquant à l’organisation des instituts
dont les missions se déclinent autour de : La transmission de la doctrine d’A. Adler par la formation de psychanalystes adlériens, c’est :
Une formation continue, cheville ouvrière du mouvement, centrée autour de la clinique psychanalytique, formation aux thérapies de groupe : Contes, Psychodrame d’enfants et d’adulte, Onirothérapie.
Supervision et régulation.
Formation à la psychopathologie (troubles des conduites et du comportement, conduites de dépendance et addiction, prise en charge de l’enfant autiste, traitement des enfants et adultes victimes d’abus sexuels, les troubles de la senescence, etc.)
Un pôle de recherches scientifiques : avancées théorico-cliniques.
Sous la présidence de Didier Manez les instituts se partagent les pôles formation et communication
* Sous l’impulsion de A-M Mormin Mathis, concernant L’institut Sud-ouest la formation se professionnalise.
C’est un enseignement et un accompagnement des élèves par des psychanalystes de la seconde, troisième et quatrième génération après Alfred Adler, formés à la clinique de la personne âgée, de l’adulte, de l’adolescent, de l’enfant et du nourrisson.
* L’institut des haut de France sous la présidence de Éric Marié Martin travaille à la communication et surtout à toute recherche permettant son amélioration.
Toutefois dans notre temps dominé par le pragmatisme où l’humain se dissout dans la quête du profit, de l’efficacité et de la rentabilité, il nous paraît essentiel de placer le sujet en devenir de lui-même au cœur de nos préoccupations. Le renouveau de la psychanalyse s’inscrit dans le relèvement de ce défi.
​La Psychanalyse adlérienne apporte une parole originale dans le champ actuel de la psychologie des profondeurs. La théorie adlérienne met l’accent sur le sentiment d’infériorité et sa compensation, base structurante de la personnalité qui pousse l’humanité vers son propre devenir ainsi que sur la construction du style de vie et la liberté créatrice ; ainsi que sur Le Sentiment d’appartenance à la communauté humaine (Gemeinschaftsgefühl, pilier conceptuel de la théorie adlérienne) « à la source du sentiment humain, il détermine l’éthique qui engage le  caractère spécifique de l’homme, besoin d’attachement, besoin de relation, le Gemeinschaftsgefühl est la pierre angulaire du fonctionnement inconscient ; l’inconscient est la mémoire vivante de l’appartenance du sujet à la communauté humaine et l’inscription de l’humanité dans le cosmos. Il est à la source de l’altérité, ce qui nous permet de nous sentir semblable et différent dans la possibilité de la rencontre avec l’autre ».

Chronologie des premières éditions d’ouvrages d’Adler et sur Adler en France écrits ou traduits par des membres ou anciens de la SFPA

1935  Ganz Madeleine, « La psychologie d’Alfred Adler et le développement de l’enfant »
1943  Paul Plottke, La paix des nerfs, exposé d’une psychologie pratique. — Genève, éditions
1945  Brachfeld « Les sentiments d’infériorités »
1948  Adler Alfred « le tempérament nerveux » traduction Dr Roussel
1949  Adler Alfred « Connaissance de l’homme » traduction J Marty
1949  Adler Alfred « L’enfant difficile » traduction H. Schaffer
1950  Adler Alfred « le sens de la vie » traduction H. Schaffer
1954  Spiel Oscar « la doctrine d’Alfred Adler dans ses applications à l’éducation scolaire »
1958  Adler Alfred « la compensation psychique de l’état d’infériorité des organes
1958  Adler Alfred, Jahn Ernest, « Religion &psychologie individuelle » traduction, H. Schaffer
1960  Schaffer & Farau, « La psychologie des profondeurs » Paris – Payot ;
1961  Meyer Alfred, « Psychothérapie Adlérienne » Encyclopédie médico-chirurgicale, Méthodes psychothérapiques N°6 pp 1-4
1961  Adler Alfred « pratique et théorie de la psychologie individuelle comparée » traduction H. Schaffer
1968  Meyer Alfred « Alfred Adler » Encyclopædia Universalis vol.1 pp 239-240,
1968  Orgler Herta, Alfred Adler et son œuvre éd. Stock
1969  Adler Alfred, « Les névroses », O Chabas
1970  Ellenberger Henri « A la découverte de l’inconscient
1970  Manès Sperber « Alfred Adler et la psychologie individuelle »
1971  Dreikurs Rudolf « la psychologie adlérienne »
1972  Dreikurs Rudolf « Le défi de l’enfant »
1973  Schaffer Herbert « la psychologie d’Adler, théorie et applications «
1974  Compan François, « Analyse de l’interaction des styles de vie » mémoire pour le certificat d’étude spéciale de psychiatrie, Université Paris VII,
1975  Alfred Adler Ecole et psychologie individuelle comparée, traduction H. Schaffer
1976  Guillet Henri, « Le Sentiment Social », Thèse pour le doctorat en Médecine, Paris V
1976  Sperber Manès, « porteur d’eau »
1977  Adler Alfred, « L’éducation des enfants traduction H. Schaffer
1981  Collectif « Herbert Schaffer, disciple et continuateur d’Alfred Adler
1981  Adler Alfred « le journal de Claire Macht, technique de la psychologie individuelle »
1981, 1982, 1987  actualités psychiatriques consacrée à Adler et son œuvre, n° 2,4,10
1985  Fuguet Philippe, Guillerme Jacques « Les parents, le divorce et l’enfant »
1987  Viguier, « L’originalité de la pensée d’Alfred Adler » Paris VII, thèse de doctorat
1989  Compan François psychologie individuelle comparée, in l’encyclopédie médico chirurgicale
1990  Georges Mormin et Régis Viguier , « Adler et l’Adlérisme »
1991  « Oskar Spiel », de Bernard Paulmier(thèse de doctorat science de l’éducation)
1992  Georges Mormin et Régis Viguier « La théorie analytique adlérienne »
1992  de Bony Martine La psychologie sociopersonnelle d’Alfred Adler
1993  Viguier Régis, « Au seuil de la psychologie des profondeurs. Etudes comparatives des doctrine de Janet et d’Adler
1994   Lionel Nadaud « Alfred Adler, des sources au rejaillissement de la Psychologie individuelle »
2000  Viguier Régis Introduction à la lecture d’Alfred Adler
2001  Adler Alfred « un idéal pour la vie » traduction Viguier Régis
2003  Derognat-Chaillet « Les rêves Adler aujourd’hui ou le lion couronné de venise »
2006  Adler Alfred « Psychologie de la vie » traduit de l’anglais introduit, commenté et annexé par Viguier Régis
2019   Mormin Georges « La méthode d’Alfred Adler, esquisse pour une psychanalyse libre »

La SFPA est membre agréé de l’IAIP, International Association of Individual Psychology dont le siège se situe à Vienne en Autriche.

Dr Marina Bluvshtein est l’actuelle Présidente de l’IAIP. Elle est Directrice du Centre de Pratique et de Recherche Adlérienne de l’Université ADLER (Chicago), qui forme à la psychologie adlérienne jusqu’au Doctorat.
Il y a aussi Adler Université à Vancouver.

L’IAIP: 26 pays, 32 Associations, qui regroupent psychiatres, psychologues, psychanalystes, psychothérapeutes, psychopédagogues, et counsellors.